Des mosaïques dans le bourg de Bais

Dans le bourg se trouve deux fresques en mosaïques qui sont attribuées aux frères Odorico de Rennes. La première est située sur la maison située au 13 rue du Dr Lebreton et la seconde sur le pas de porte qui fut un temps la boutique « Et un jour, Une fleur », puis actuellement un fastfood. Ce beau décor de mosaïque date de la deuxième moitié du XIXème siècle.

Les différents décors de la mosaïque place du Marché


Il semble bien que cette partie de la maison au n°13 fut rajoutée, sans doute un nouveau logement pour le couple Morino/Segretain

Ce bandeau décoratif, réalisé avec une remarquable finesse, associe deux verts profonds, du rouge, du bleu et du jaune dans une composition à la fois vive et équilibrée. Ces couleurs ont-elles été choisies pour évoquer le village natal de la famille Morino ? En observant les armoiries de Roasio, on retrouve précisément cette palette chromatique : le vert des feuilles, et le second vert, le jaune des grappes, le bleu du champ, le rouge du ruban. S’agit-il d’un hommage discret ou d’une coïncidence fortuite ? La question reste ouverte, mais l’hypothèse mérite d’être posée.

https://it.wikipedia.org/wiki/File:Roasio-Stemma.png

Ce blason se trouve inscrit dans un décret de 1975. Le décret présidentiel du 6 octobre 1975 ne crée pas le blason ex nihilo : il officialise et homologue un emblème souvent déjà utilisé localement. Dans le cas de Roasio.
Écu coupé d’azur et de sinople ; l’azur chargé d’une bande ondée d’argent accompagnée d’un rameau de vigne fruité au naturel ; le sinople chargé de cinq sceptres d’or rangés en fasce. Champ supérieur (azur) : représente le torrent Giara (ou Rovasenda), avec la bande ondée d’argent comme symbole de l’eau vive. Vigne fruitée : évoque la tradition viticole de Roasio, très présente dans la région du Piémont. Champ inférieur (sinople) : symbolise la terre fertile et les cinq frazioni (hameaux) de la commune. Cinq sceptres d’or : allusion à l’unité administrative et à la dignité des cinq entités locales. Le gonfalon associé est généralement : De tissu blanc, bordé de franges dorées. Chargé du blason au centre, entouré du nom de la commune. Orné de rubans tricolores et parfois de rameaux de chêne et de laurier.

Les mosaiques du 13 rue du docteur Lebreton

Ses deux frises de mosaïque serait non pas l’œuvre des frères Odorico, mais d’une autre personne ou de deux frères Morino, eux aussi d’origine italienne. Nous trouvons un membre de cette famille à Bais, marié le 5 septembre 1928, avec  Marie Eugénie Léontine Segretin, née le 13 mai 1909 à Bais. Une terrible tragédie va se dérouler le 6 avril 1934 à Montreuil-sous-Pérouse. Entrainant dans la mort quatre personnes. Une terrible explosion va retentir dans les bâtiments de la carrière de la vallée de la Cantache au hameau de Gérard. Cette carrière étant la propriété de M. Segrétain Marie Emile, entrepreneur à Bais. Ce dernier va perdre son gendre Laurent, 35 ans, le frère de ce dernier Jean, 31 ans, demeurant tous les deux à Bais. Le chef de chantier M. Bigotte et Michel Bault, décédé à l’hôpital de Vitré le 6 avril 1934. Il était un ouvrier italien né le 5 décembre 1903 à Torreglia.

L’acte de mariage en date du 5 septembre 1928 à Bais, nous apprend que Laurent est né le 10 septembre 1898, il était entrepreneur cimentier. Fils de Giulio Morino et de Giuseppina Caviggioli, cultivateurs vignerons à Roasio, Provincia di Vercelli, Piémont. Selon les actes des décès des deux frères. Jean/Giovanis est né le 4 juillet 1902 à Roasio, Provincia di Vercelli, Piedmont. Il était carrier/mineur. Marié à Irma Cagna Perazzo et demeurant à Bais.

Il y avait un troisième frère,  Secondo Pietro, né le 26 août 1905 – Roasio. Cimentier et demeurant à Saint-Aubin-du-Cormier. Ce dernier fut naturalisé français en date du 16 novembre 1934. Laurent est naturalisé le 10 juillet 1928.

Nous retrouvons dans le recensement de la population de Bais pour l’année 1931, route de Domalain : La famille Segrétain, les parents. Puis Laurent Morino, entrepreneur, sa femme et sa fille Annick née en 1929. Son frère Jean, né en 1903, noté comme mécanicien.

Pour le recensement de 1936 : Morino Segrétain et sa fille Annick. Demeurant route de Domalain. Tandis que ses parents ainsi que la bonne se trouvent dans la même maison. Quand nous consultons le recensement précédent, celui de l’année 1926, les frères Monrino ne sont pas dans les listes. La famille Segrétain nous les retrouvons dans le recensement de 1906, route de Domalain. Marcellin, père ou le grand-père né en 1836 (entrepreneur/patron), Marie (fille) née en 1867, Marcellin 1869 (entrepreneur), Léon 1870, (maçon), Emile 1873, (entrepreneur), Angélique (fille) 1875. Recensement de 1911, nous retrouvons l’épouse d’Emile Segrétain, Marchand Marie-Reine née en 1885 comme comptable. Elle était absente dans le relevé de 1906 ? Marie née en 1909.

Les Segrétain une dynastie d’entrepreneurs/maçons. A la naissance de Marcellin le grand-père est nommé plus haut, il est né en 1836, son père Jacques est qualifié de maçon. Son épouse Sainte Rouyer.

Selon Nouvelliste de Vannes du 08/04/1934, l’article nous apporte des indications supplémentaires, Laurent Morino était le chef d’exploitation de la carrière de pierre à ballast, qui dirigeait au nom de son beau-père la dite carrière. Son frère Jean était mécanicien à Bais et aurait été demandé d’intervenir sur la machine ce matin tragique. Le troisième frère était cimentier à Argentré du Plessis. L’article fait mention que Jean Morino était l’époux de la demoiselle Zanone, sans enfants. Ce qui se trouve totalement en contradiction avec l’acte de décès en mairie de Bais.

Cette mention dans le Nouvelliste de Jean Morino, cimentier et habitant Argentré du Plessis, se trouve être une piste intéressante en consultant la liste nominative du recensement de la population d’Argentré du Plessis en 1931. Nous trouvons dans le bourg, la famille Poletti Secondo, né à Roasio en 1899/1972, Italien, patron cimentier, sa femme, née Eugénie Croizé, une fille Christiane, née à Paris en 1925, Jacques né à Vitré en 1928 et Marthe née à Argentré en 1932.

Nous pouvons constater que Poletti Secondo était plus jeune d’un an avec son confrère Laurent et tous les deux du même village, secondo originaire du quartier de Curavecchia. Aucune mention de Jean Morino pour le recensement de la population d’Argentré du Plessis.

Il nous semble trouver avec ses chefs cimentiers italiens plusieurs familles Piémontaises, l’étude des recensements de 1931/1936, sur la région de Vitré, avec Châteaubourg, avec famille bien connue. Bertolletto Albert, né en 1890, patron cimentier de Roasio. Son épouse Aubrée née à Laon. Un fils Albert né en 1924 à Châteaubourg, suivi de trois filles. Nous trouvons aussi un ouvrier cimentier du nom de Belluati Pierre, née en 1900 à Roasio.

Pour revenir à la famille Zanone, le site internet GENEANET, nous donne un Jacques Zanone décédé le 14 avril 1965, conjointe Morino Marie-Thérèse, décédée le 20 décembre 1994, reposant tous les deux dans le cimetière – La Tronche (Isère). Internet nous donne beaucoup de Morino, sont originaires de la province Vercelli. En exemple un Vincent Morino/Gallane, né en 1891 lié au recensement de Vitré en 1936, cimentier chez Baglione.

Voici un grand dossier sur les Italiens émigrés en Bretagne et ailleurs. Dans la coupure du journal de l’Ouest Eclair pour les obsèques des deux frères à Bais, il est question de la présence de la famille Zanone.
Ses dits entrepreneurs cimentiers étaient des maçons, des spécialistes du ciment, ouvrant aussi dans le gros œuvre que dans le carrelage, la mosaïque. Selon l’étude sur l’immigration italienne en Ille-et-Vilaine au début des années 1920. La première région italienne, le Piedmont qui fournit en Ille & Vilaine 164 Transalpins y sont nés. Plusieurs ouvriers viendront à Louvigné de Bais.


Plan cadastral de Bais

Les deux plans cadastraux nous montrent le changement après les relevés de 1826 -1828. La création de la rue du docteur Lebreton. Avec des constructions datant peut être d’avant l’année 1906, date qui mentionne la route de Domalain, en 1901 la rue ne se trouve pas notée. Mais ses maisons sont très certainement datées pour des construction des années 1880.
Nous savons que cette maison était occupée par deux familles, Segrétain et Morino. Il est donc fort possible que Laurent entrepreneur a réalisé le bandeau en mosaïque, qui se trouve être aujourd’hui le 13 rue du docteur Lebreton après son mariage ou avant ?
Du numéro 13 au 15 était la propriété des Segrétain.

Cette rétrospective sur les recensements de la population de Bais entre 1921 et 1936, va servir uniquement à déterminer à qui appartenait les deux fonds de commerce place de l’ancien marché. Si nous regardons le plan cadastral de Bais plus haut, l’ensemble du fond se trouve numéroté en 317.

À gauche de notre pas de porte se trouvait l’épicerie tenue par la famille Prod’homme/Alix, et à droite, le café animé par la famille Colliot/Bédier. Ces deux foyers commerçants ont marqué la vie locale dès le recensement de 1906. Après avoir consulté le recensement de la population, en commençant par l’année 1901, ce livre de recensement est simple, nom, prénom, âge, nationalité, chef de ménage et profession et la dernière colonne doit mentionner si la personne est un patron. Il n’existe alors que la dénomination bourg pour toutes les constructions, ou juste la rue de l’écu et le bourg Saint Pair et la campagne.
Par suite en 1906, le bourg, rue de la Guerche, rue de Moulins, rue de Domalain, rue de Louvigné, rue de Torcé, rue de la Croix de Bais, et la campagne selon les différentes sections.

  • Première mention pour l’année 1896 de la famille Prod’homme Auguste, Prod’homme Auguste et sa femme comme épiciers. Le fils Auguste 16 ans, Joseph 15 ans, Jean-Marie 12 ans, Angélique 9 ans, Pierre 5 ans et Anna, 4 ans.
  • Fait étrange, le recensement de l’année 1901, ne fait mention aucunement de la famille Prod’homme. Juste une Prod’homme Marie 56 ans, modiste et sa nièce Marie-Sainte 19 ans.
  • En 1906, nous trouvons la famille Prod’homme Auguste, comme étant le chef commerçant. Auguste Prod’homme, est né en 1841 à Marcillé-Robert, et son épouse Sainte Alix, née en 1852 à Vergéal, formaient une famille de sept personnes. Première mention du lieu comme étant un commerce.
  • En 1911, le fils Joseph Prod’homme, qui est né en 1880, reprend l’épicerie avec son épouse Georgette Amélie Vissault, née en 1881 à Piré-sur-Seiche.
  • Le destin de la famille bascule en 1915 : Joseph est tué à l’ennemi à Roclincourt, laissant derrière lui sa veuve et leur fille Georgette, née en 1913.
  • En 1920, Georgette est adoptée par la Nation, devenant pupille suite à la perte de son père.
  • En 1921, la veuve Prod’homme est déclarée comme étant épicière.
  • En 1926, la veuve Prod’homme poursuit l’activité en tant que marchande de tissus. Sa fille est présente.
  • En 1931, la maison n°6 abrite Georgette (18 ans), sa mère, Vissault Rosalie (la tante née en 1843), et une bonne, Frin Marie née à Bais en 1917.
  • En 1936, Georgette est enregistrée sans profession, sa mère comme épicière.
  • Vissault/Prod’homme, mère Georgette est décédée à Bais le 16 décembre 1945.
  • Georgette est décédée le 17 février 1994 à Chantepie.
  • Nous trouvons dès 1901 le nom de la famille Colliot avec Félix né en 1838, épouse Bruneau Sainte. Marie 28 ans, Félix 27 ans, Louise 26 ans, Félicité 21 ans. Félix est laboureur. Famille non déclarée comme étant un fond de commerce.
  • En 1906, dans ce logement, nous trouvons le fils Félix Colliot, il est né en 1873 à Vergéal, et son épouse Victoire Bédier, née en 1876 à Bais, débutent comme cultivateur et sa femme comme aubergiste.
  • En 1911, Félix devient débitant de boissons avec sa femme, le couple on et une fille Victoire née en 1906.
  • En 1926, Félix est patron aubergiste avec sa femme.
  • Victoire Bédier décède le 2 août 1930 à Bais.
  • En 1931, il vit seul dans la maison n°5, il est toujours propriétaire exploitant.
  • Félix est décédé à Bais le 29 avril 1955.
  • En 1936, un commerce est repris par Léon Boigneau, cordonnier, il né en 1896 à Visseiche.

Concernant le fonds de commerce de  Léon Jean Marie Boigneau, celui-ci est décédé le 8 juin 1967 à Rennes. Le café Guillot change donc de destination entre 1931 et 1936. Il semble que Madame Prod’homme et sa fille aient acquis ce pas-de-porte avec le logement, car dans le recensement de 1936, seule la maison n°4 est mentionnée, sans distinction entre deux logements séparés comme c’était habituellement le cas.

Cela expliquerait pourquoi la devanture est devenue unique, tout en continuant à accueillir deux commerces. En 1931, la jeune Georgette, alors âgée de 18 ans, est encore mineure et n’est pas encore épicière. Ce pas-de-porte sera connu des anciens comme une épicerie-mercerie. L’Art déco, style emblématique des années 1920, va perdurer pendant un siècle, inspirant de nombreux artistes, notamment les mosaïstes qui nous intéressent ici.


À Bais, la date exacte de réalisation de cette œuvre demeure inconnue. Deux ouvrages ont été consultés, portant sur les maîtres mosaïstes de la famille Odorico : Isidore (1845–1912), Vincent (1848–1909), ainsi qu’Isidore fils (1912–1945), né à Rennes.

Bais, le commerce Prod’homme s’inscrit dans le travail de l’atelier d’Isidore le Rennais, en particulier dans la période des réalisations à vocation publicitaire pour les commerces.
Deux ouvrages ont été mobilisés à cet effet : Odorico, mosaïste Art déco de Hélène Guéné, dans lequel Bais semble oublié, et Odorico, l’art de la mosaïque de Capucine Lemaitre, publié aux éditions Ouest-France.

Les œuvres les plus proches de Bais attribuées à l’atelier Odorico se trouvent à Étrelles, Vitré et La Guerche-de-Bretagne. À La Guerche-de-Bretagne, il s’agit du magasin de primeurs Perrier/Baron, dont l’architecte est Jean Poirier,. Ce travail est daté de 1930–1931.

Impressions, expressions photographiques

Vitré. L’héritage du mosaïste Isidore Odorico, journal Ouest France

À Vitré, plusieurs édifices témoignent du travail décoratif réalisé sur commande, notamment la maison Fouillet, œuvre de l’architecte Louis Gauvin, ainsi que la maison Baglione, la maison Théard, le bureau de poste et la brasserie Odorico. Ces ensembles illustrent la diffusion régionale du style mosaïqué porté par l’atelier Odorico.

En revanche, la mosaïque ornant la maison Ségrétain/Morino, située rue du docteur Lebreton, ne semble pas attribuée à cet atelier. Pourtant, elle partage avec les décors commerciaux de La Guerche-de-Bretagne et de Vitré un goût prononcé pour les volutes élégantes. La mosaïque de Bais, quant à elle, se distingue par une subtile déclinaison de deux verts profonds, qui lui confère une identité propre tout en s’inscrivant dans ce langage décoratif régional.

Les différents décors de la mosaïque place du Marché

Mosaïque Odorico à Paimpol

Si l’on s’attarde sur la devanture située place du Marché, à Bais, appartenant à la famille Prod’homme, on découvre un commerce combinant épicerie et mercerie. Pour en analyser la composition, il est pertinent de la mettre en parallèle avec certaines façades décrites par Capucine Lemaitre dans son ouvrage consacré aux devantures de commerces, notamment celles de la rue des Bouchers à Morlaix et à Paimpol.

L’horlogerie Étrillard, par exemple, présente une mosaïque en dégradé de gris, rehaussée de filets horizontaux et verticaux, d’une frise de cercles imbriqués, et d’une enseigne dominée par le rouge. Au numéro 5, une autre devanture reprend ce décor, mais se distingue par une frise composée de triangles orange ou verts, cernés de rouge. L’auteure souligne également, dans une même palette et avec une recherche similaire de simplicité raffinée, la façade d’un magasin de fleurs de l’époque, ornée d’une frise de petits cercles jaunes et bleus sur fond gris ponctué de pastilles blanches.

À Morlaix, le décor se caractérise par un dégradé de gris, animé par une frise de triangles bordeaux et beige, cernés de blanc. Ces éléments permettent d’établir un lien avec les mosaïques visibles à Bais, notamment sur la maison des époux Morino. Lorenzo Morino est enregistré en 1931 comme entrepreneur cimentier, c’est-à-dire maçon spécialisé dans le ciment, chargé des enduits et des chapes nécessaires à la pose de carrelage et de la mosaïque. Le couple s’est marié en 1928, et il est probable que l’extension de leur maison, anciennement propriété des Segrétain, ait été réalisée après cette date.

Laurent Morino est mentionné comme entrepreneur cimentier, mais le nom de l’entreprise où il a travaillé avant de venir à Bais, reste inconnue. De même de l’arrivée des trois frères en France. A-t-il travaillé pour l’atelier Odorico ? C’est une hypothèse plausible. L’entreprise Odorico était très active dans le nord-ouest de la Bretagne, dans le sud de la région, et probablement au-delà. Face à une forte demande, la main-d’œuvre qualifiée se faisait rare, et les ouvriers enchaînaient des semaines de 60 à 70 heures. Mais nous trouvons la famille Zanone aux obsèques des frères Morino.

Une réponse nous est parvenue à la suite de mon échange avec le Museo de l’Emigrante de Roasio. Je remercie chaleureusement sa présidente, Marta Micheletti, pour son retour daté du 13 octobre 2025.

Les archives du musée recensent à ce jour 787 Roasiani ayant émigré en France. Toutefois, cette liste demeure incomplète. Plusieurs noms font défaut, en partie parce que de nombreux départs ont eu lieu dès la seconde moitié du XIXe siècle, période pour laquelle les registres municipaux ont été perdus. D’autre part, bon nombre d’émigrés ne sont jamais revenus à Roasio : devenus citoyens français, ils ont souvent modifié leur nom et prénom afin de faciliter leur intégration dans leur pays d’accueil, rendant les recherches d’autant plus complexes. À cela s’ajoute le fait que, au fil des générations, certains descendants ont perdu tout lien avec leurs proches restés à Roasio. Ainsi, lorsque le musée a vu le jour, il n’y avait parfois plus personne dans les familles pour transmettre des informations sur ceux qui étaient partis depuis longtemps.

Le nombre d’émigrants roasiani vers la France est particulièrement élevé, notamment en raison de la proximité géographique entre le Piémont et votre pays, mais aussi grâce à la parenté linguistique entre notre dialecte local et le français. C’est pourquoi, entre la seconde moitié du XIXème siècle et le début du XXème, la France et la Suisse romande ont été les destinations privilégiées pour le travail. Par la suite, avec la crise économique qui a frappé l’Europe, les flux migratoires se sont orientés vers l’Afrique et les Amériques, entraînant une nette diminution des départs vers la France.


À cette époque, Roasio vivait essentiellement d’une agriculture de subsistance et restait en marge des villes en plein essor comme Biella. Pour beaucoup, l’émigration représentait la seule issue. Certains partaient en France pour des travaux saisonniers, revenant à Roasio une fois l’hiver installé. D’autres, au fil du temps, s’y établissaient définitivement, épousant des Françaises ou faisant venir leurs épouses restées au pays.


Lorenzo est né dans le hameau de Frazione di Santa Maria de Roasio, (comme ses deux autres frères). Il partit pour la France (près de Bordeaux) vers 1920. Lorenzo travailla quelque temps pour une entreprise publique de bâtiment. En France (en 1925), il fut rejoint par ses frères Giovanni et Secondo Pietro. Avec Giovanni, il travailla dans une gravière. Giovanni, épousa Irma Cagna Perazzo à Roasio le 28 novembre 1931.

En 1925, avec son frère Giovanni, Secondo Pietro, ils rejoignent leur frère aîné Lorenzo en France, près de Bordeaux. Il y construit des cuves à vin en béton. Il s’installe ensuite en Bretagne, où il construit des caves en béton pour la production de cidre. En 1932, il s’installe à Vitré, où il épouse Marie Louise Larieur. Ils auront trois enfants : Pierre, Jacques et Laurent. En 1954, avec son fils Pierre, il crée une entreprise de construction, qui devient en 1965 la SARL MORINO, basée à Sens-de-Bretagne. L’entreprise exerce son activité dans le secteur privé jusqu’en 1975. Secondo Pietro décède à Saint-Aubin-du-Cormier, en France, le 20 août 1991.
De ce couple, naitront aussi trois enfants.

Monument des deux frères Morino dans le cimetière de Bais


Archives de l’Ouest Eclair. BNF
Cartes postales, collection : Gilbert Chesnel
Recherche documentaire : Recensements de la population : Archives départementales en ligne: THOT Internet
Plan cadastral de Bais
Odorico mosaïste art déco de Hélène Guéné. AAM éditions 1991
Odorico l’art de la mosaïque de Capucine Lemaitre aux éditons Ouest France, 2018

Journal officiel de la République française. Lois et décrets

LE VILLAGE DE ROASIO
Museo dell’emigrante di Roasio | Exhibition

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